Dix ans ont passés,
le désenclavement de la province de la Sissili est une réalité grâce à
une nouvelle infrastructure routière. Production améliorée, échanges
commerciales en constante augmentation, bref, la Sissili rompt avec son
isolement. Cependant malgré une
pluviométrie favorable, entre 800 et 1100 mn d’eau par ans, l’igname, la
production phare de la province est en
chute libre : baisse du nombre de producteurs, baisse des quantités et des
surfaces cultivés, disparition de variétés traditionnelles, mélange variétale,
difficulté de conservation. L’igname en
péril, huit groupements de producteurs réunis au sein de l’union des groupements de producteurs tubercules (UGPT) et membre de l’organisation faîtière provinciale, FEPPASI décide de
prendre à bras le corps la situation.
Une réflexion s’impose alors aux producteurs pour pallier à cette
situation. L’igname dans la province contribue à l’atteinte de la sécurité
alimentaire. Des concertations, les producteurs, dégagent des actions à entreprendre pour juguler et
inverser cette tendance. Des alliances sont nouées avec la recherche au niveau
nationale, des partenaires au niveau national et international sont recherchées
afin de soutenir la mise en œuvre des activités.
Plusieurs étapes ont été suivies dans ce processus. La
première année, c’est à dire en 2008
des producteurs motivés dans un premier temps au nombre de 20 ont été
identifiés au sein de trois communes de la Sissili, Léo, Biéha et Boura pour
porter l’innovation sur la production de semences d’igname appelée semenceaux.
Objectif affiché, pallier à la disparition des variétés. Les résultats à ce
niveau ont été concluants. La moyenne de production est de 17.000.000
semenceaux par producteur sur ¼ d’hectare. La bouture de semenceaux coûtant 40 fca, chaque producteur s’en sort avec un
chiffre d’affaire de 680.000cfa.
Le volet augmentation des rendements a été pris en
compte la même année. vingt (20) producteurs et dix (10) animateurs
ont été formés sur les itinéraires techniques de production de l’igname à travers
la mise en place des parcelles tests dans trois communes (Léo, Boura, Biéha).
Ces producteurs et animateurs relais ont pu former environ 400 producteurs par an soit 1200
producteurs au total. Ainsi les compétences techniques acquises par les producteurs, l’accompagnement en
mécanisation était nécessaire pour
résoudre le manque de main d’œuvre et la pénibilité dans la levée des butes.
Aussi, le tuteurage étant une cause de déforestation de la nature, des
expérimentations avec des tuteurs vivants sont mis en place dans deux
exploitations. L’ensemble de ces actions
ont contribué à améliorer des rendements
qui sont passés de 13T en 2008 à 20 T/ha en 2010.
Produire mais
transformer
L’igname est une des tubercules difficile à conserver. A Léo, Mme Yago, une
transformatrice de produits agricoles s’essayent à valoriser l’igname. Elle a ainsi de par ses recherches réussit à
faire des mets à partir de l’igname séché.
Les rendements ainsi accrue posent un problème d’écoulement et de conservation au niveau des producteurs. D’ou l’organisation des femmes en coopérative
autour de la transformation. De 31
membres, ces femmes ont bénéficié de compétences pour une transformation de
produits hygiénique et de bonne qualité. Aujourd’hui la coopérative produit de
la farine d’igname avec le label du laboratoire nationale d’analyse médicale,
du couscous et gâteaux. Cette innovation a suscitée une grande demande des
produits transformés à base d’igname. Sa capacité de transformation est 24 T par an. Ces quantités sont insignifiantes par
rapport aux potentiels de production de la zone. Pour accroître la capacité de transformation,
un plan d’affaire sur 3 ans (2012-2015) qui prend en compte l’augmentation du
nombre de coopérative, la disponibilité de la matière première par la
prospection des variétés transformables du côté du Ghana.
La transformation n’absorbant pas la quantité d’igname produite, il a été
nécessaire d’organiser le marché de Léo et de Biéha. L’union a bénéficié
en 2009 de l’appui des autorités communales pour
l’organisation et la régulation du marché des tubercules. Le marché est
division en trois zones et bien régulés. Chaque zone composée de différents
secteurs et villages ravitaillement à
tour de rôle le marchés en tubercules selon les jours de marché.Toutes ces
actions ont améliorée les prix de vente du tas de 100 tubercules qui passe de 40 000 Cfa à 60 000f Cfa,
ce qui a contribué à accroître les revenus
des producteurs et des transformatrices.
Des défis à relever
Cependant de nombreux
défis se posent encore aujourd’hui à UGPT. Aujourd’hui plus que jamais la sédentarisation
de la production de l’igname est à l’ordre du jour. Les nouvelles défriches
pour la production d’ignames se raréfie due à la pression démographique.
L’adoption de cette technologie est une
nécessité et l’UGPT se donne le défis de réduire de 40% le nombre de
producteurs qui utilisent les nouvelles défriches dans la production de l’igname
dans son nouveau programme d’activité.
La question de l’offre insuffisante
en semenceaux, de l’augmentation du nombre de producteurs à former sont
autant de challenge à relever. Le marketing autour des produits transformé, couscous gâteau, farine à suscité une demande énorme qu’il faudra satisfaire. A
ce niveau, les transformatrices doivent relever le défis de la disponibilité du
produits en toute période et de son accessibilité par l’installation de
boutique dans les grandes villes et surtout d’une augmentation significative
des quantités de 24 tonnes à 100 tonnes par ans. L’autre axe de travail, c’est
l’acquisition d’expérience par des voyages d’échanges et la participation à des foires régionales.
La prospection de variétés transformable
au Ghana en toute saison pour pallier au manque
de la matière première à certaines périodes de l’année ( avril à
octobre) , la confection d’emballage par les transformatrice pour minimiser son
coût de fabrication l’appui aux organisations dans le montage des dossiers pour
l’acquisition de crédit auprès des IMF pourra aider la coopérative dans son
développement.
Leçons apprises
La création d’une coopérative à ajouté une plus valu à l’igname. L’esprit d’entreprise autour de la transformation a permis aux femmes, culturellement exclut de la production de s’approprier ce secteur et d’améliorer leur quotidien. L’augmentation
des rendements et la modernisation de
la production, la conception de manuel et la formation des animateurs a été un
pilier pour cette innovation. L’accès aux crédits des femmes pour l’achat
stockage de l’igname pendant les périodes favorables .La transformation de l’igname en différents mets est une innovation introduite par les femmes.
A ce niveau, les produits à base de l’igname
de la Sissili n’as pas de concurrence sur le marché nationale.
La vente de l’igname ainsi que sa transformation sont
des activités réservée aux femmes. Les producteurs, transformatrices et
certains acteurs bénéficient de l’inscription dans le système d’information sur
le marché (SIM) de la plate forme ESOKO. Cependant il reste important dans le
développement de la confiance entre les organisations de producteurs, les
transformatrices et les IMF.
Dossier
réalisé : Minata coulibaly,
chargée de communication, Houdou
Nadié, responsable entreprenariat , Korogho
Mahamoudou, conseiller agricoles Nébie Adama ,DPA Avec l’appui technique et
financier de IFDC/BURKINA Faso
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