mardi 23 juillet 2013

l’igname en péril, ressuscité

Dix ans ont passés,  le désenclavement de la province de la Sissili est une réalité grâce à une nouvelle infrastructure routière. Production améliorée, échanges commerciales en constante augmentation, bref, la Sissili rompt avec son isolement. Cependant malgré une  pluviométrie favorable, entre 800 et 1100 mn d’eau par ans, l’igname, la production  phare de la province est en chute libre : baisse du nombre de producteurs, baisse des quantités et des surfaces cultivés, disparition de variétés traditionnelles, mélange variétale, difficulté de conservation.  L’igname en péril, huit groupements de producteurs réunis au sein de l’union des  groupements de producteurs tubercules  (UGPT) et membre de l’organisation faîtière provinciale,  FEPPASI  décide  de prendre à bras le corps la situation.
 S’unir pour réagir face à l’urgence
Une réflexion s’impose alors  aux producteurs pour pallier à cette situation. L’igname dans la province contribue à l’atteinte de la sécurité alimentaire. Des concertations, les producteurs, dégagent  des actions à entreprendre pour juguler et inverser cette tendance. Des alliances sont nouées avec la recherche au niveau nationale, des partenaires au niveau national et international sont recherchées afin de soutenir la mise en œuvre des activités.
Plusieurs étapes ont été suivies dans ce processus. La première année, c’est à dire en 2008  des producteurs motivés dans un premier temps au nombre de 20 ont été identifiés au sein de trois communes de la Sissili, Léo, Biéha et Boura pour porter l’innovation sur la production de semences d’igname appelée semenceaux. Objectif affiché, pallier à la disparition des variétés. Les résultats à ce niveau ont été concluants. La moyenne de production est de 17.000.000 semenceaux par producteur sur ¼ d’hectare. La bouture de semenceaux  coûtant  40 fca, chaque producteur s’en sort avec un chiffre d’affaire de 680.000cfa.
Le volet augmentation des rendements a été pris en compte la même  année.  vingt (20) producteurs et dix (10) animateurs ont été formés sur les itinéraires techniques de production de l’igname à travers la mise en place des parcelles tests dans trois communes (Léo, Boura, Biéha). Ces producteurs et animateurs relais ont pu former  environ 400 producteurs par an soit 1200 producteurs au total. Ainsi les compétences techniques acquises  par les producteurs, l’accompagnement en mécanisation était nécessaire  pour résoudre le manque de main d’œuvre et la pénibilité dans la levée des butes. Aussi, le tuteurage étant une cause de déforestation de la nature, des expérimentations avec des tuteurs vivants sont mis en place dans deux exploitations.  L’ensemble de ces actions ont contribué  à améliorer des rendements qui  sont passés de 13T en 2008  à 20 T/ha en 2010.
Produire mais transformer
L’igname est une des tubercules difficile  à conserver. A Léo, Mme Yago, une transformatrice de produits agricoles s’essayent à valoriser l’igname.  Elle a ainsi de par ses recherches réussit à faire des mets à partir de l’igname séché.  Les rendements ainsi accrue posent un problème d’écoulement et de  conservation au niveau des producteurs.  D’ou l’organisation des femmes en coopérative autour  de la transformation. De 31 membres, ces femmes ont bénéficié de compétences pour une transformation de produits hygiénique et  de bonne  qualité. Aujourd’hui  la coopérative produit de la farine d’igname avec le label du laboratoire nationale d’analyse médicale, du couscous et gâteaux. Cette innovation a suscitée une grande demande des produits transformés à base d’igname. Sa capacité de transformation est 24 T  par an. Ces quantités sont insignifiantes par rapport aux potentiels de production de la zone. Pour accroître la capacité de transformation, un plan d’affaire sur 3 ans (2012-2015) qui prend en compte l’augmentation du nombre de coopérative, la disponibilité de la matière première par la prospection des variétés transformables du côté du Ghana.
La transformation n’absorbant  pas la quantité d’igname produite, il a été nécessaire d’organiser le marché de Léo et de Biéha. L’union a bénéficié en 2009  de  l’appui des autorités communales pour l’organisation et la régulation du marché des tubercules. Le marché est division en trois zones et bien régulés. Chaque zone composée de différents secteurs et villages  ravitaillement à tour de rôle le marchés en tubercules selon les jours de marché.Toutes ces actions ont améliorée les prix de vente du tas de  100 tubercules qui  passe de 40 000 Cfa à 60 000f Cfa, ce qui a contribué à accroître les revenus  des producteurs et des transformatrices.
Des défis à relever
 Cependant de nombreux défis se posent encore aujourd’hui à UGPT.  Aujourd’hui plus que jamais la sédentarisation de la production de l’igname est à l’ordre du jour. Les nouvelles défriches pour la production d’ignames se raréfie due à la pression démographique. L’adoption de cette technologie  est une nécessité et l’UGPT se donne le défis de réduire de 40% le nombre de producteurs qui utilisent les nouvelles défriches dans la production de l’igname dans son nouveau programme d’activité.  La question de l’offre insuffisante  en semenceaux, de l’augmentation du nombre de producteurs à former sont autant de challenge à relever. Le marketing autour des produits transformé, couscous  gâteau, farine à suscité une demande énorme qu’il faudra satisfaire. A ce niveau, les transformatrices doivent relever le défis de la disponibilité du produits en toute période et de son accessibilité par l’installation de boutique dans les grandes villes et surtout d’une augmentation significative des quantités de 24 tonnes à 100 tonnes par ans. L’autre axe de travail, c’est l’acquisition d’expérience par des voyages d’échanges  et la participation à des foires régionales. La prospection  de variétés transformable au Ghana en toute saison pour pallier au manque  de la matière première à certaines périodes de l’année ( avril à octobre) , la confection d’emballage par les transformatrice pour minimiser son coût de fabrication l’appui aux organisations dans le montage des dossiers pour l’acquisition de crédit auprès des IMF pourra aider la coopérative dans son développement.


Leçons apprises  
La création d’une coopérative à ajouté une plus valu à l’igname. L’esprit d’entreprise autour de la transformation  a permis aux femmes, culturellement  exclut de la production de s’approprier  ce secteur et d’améliorer leur quotidien. L’augmentation des rendements   et la modernisation de la production, la conception de manuel et la formation des animateurs a été un pilier pour cette innovation. L’accès aux crédits des femmes pour l’achat stockage de l’igname pendant les périodes favorables .La transformation  de l’igname en différents mets  est une innovation introduite par les femmes. A ce niveau, les produits à base de l’igname  de la Sissili n’as pas de concurrence sur le marché nationale.
La vente de l’igname ainsi que sa transformation sont des activités réservée aux femmes. Les producteurs, transformatrices et certains acteurs bénéficient de l’inscription dans le système d’information sur le marché (SIM) de la plate forme ESOKO. Cependant il reste important dans le développement de la confiance entre les organisations de producteurs, les transformatrices et les IMF.
Dossier réalisé : Minata coulibaly, chargée de communication, Houdou Nadié, responsable entreprenariat , Korogho Mahamoudou, conseiller agricoles  Nébie Adama ,DPA  Avec l’appui technique et financier de IFDC/BURKINA Faso 

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